Coordination intersquats, une première en France
Une coordination intersquats réunissant une vingtaine de collectifs de création et d'expérimentation sociale, s'est réunie à Paris les 27, 28 et 29 février 2000.
Ces journées avaient pour objectif de
mettre en évidence les points communs, la convergence des actions
entreprises et les difficultés résultantes de ces occupations.
La réflexion poursuivie tout au long
de ces rencontres a été nourri des différences et
diversités de chaque collectif (ce qui a fortement contribué
à la richesse des échanges) et a permis au terme de ces journées
de produire le texte de propositions joint en annexe 1. Ce document
tout en faisant le constat de l'extrême précarité de
la situation des différents groupes et de leurs besoins urgents
constitue une plate-forme de travail à l'intention des pouvoirs
publics.
En effet, l'État, par la voix de
son ministre de la culture, Madame Trautmann, s'il reconnaît
l'intérêt des pratiques culturelles et artistiques alternatives,
et constate la pénurie d'ateliers et l'inadéquation des équipements
socioculturels, se refuse naturellement à cautionner les occupations
illégales.
Pour notre part, tout en cherchant un cadre
juridique (cf. contrat de confiance déjà mis en pratique
par nos voisins européens) qui nous permettrait de sortir de l'illégalité
à laquelle nous sommes contraints, nous considérons notre
démarche légitimée par le fait que nous n'avons d'autres
solutions pour continuer à pratiquer nos activités que l'occupation
de lieux laissés inutilisés par leurs propriétaires.
Conscients que le Ministère de la culture
ne peut intervenir sur la chose jugée, nous espérons, pour
ceux qui vont être prochainement expulsés, que des conventions
d'occupations pourront, très vite, être mises en place sur
nos prochains lieux...
Il nous paraît utile de signaler
les expulsions programmées :
. Le collectif de la Grange aux belles,
expulsable au printemps après 5 années d'activités
culturelles (Paris -10ème arrondissement).
. Le groupe Matignon qui est «
la vitrine » des squats artistiques parisiens est expulsable lui
aussi dès le printemps (Paris - 8ème arrondissement).
. Chez Robert/ Electrons libres, expulsable
à partir du mois de juin 2000(Paris -1er arrondissement) .
. Les Mains gaies, expulsable dès
le printemps (Paris -11ème arrondissement).
. Collectif Tromblon de Montreuil, expulsable
de suite après avoir subi une approche musclée des démolisseurs
à la solde de la mairie (plainte de la part des artistes en cours).
. Chez Emile de Rouen, expulsable au
printemps après 5 années d'animations culturelles.
. Le Saumaise de Dijon, expulsable de
suite malgré leur salon de thé/bibliothèque très
sympathique.
. Mixarts/ Myris de Toulouse, expulsable
de suite
Et toujours l'état de précarité
extrême pour Les Diables Bleus de Nice, sans eau ni électricité...
Nous tenons à souligner, ici, que Guy Amsellem, délégué aux arts plastiques, et l'équipe en charge de ces dossiers est intervenue concrètement en faveur des artistes et des lieux de création qui vont être prochainement jugés pour occupations illégales. Ces interventions de la D.A.P. sont, pour nous, autant de signes encourageants pour les négociations à venir.
Bientôt (et dès maintenant
!) vous pourrez consulter le site Internet de la coordination intersquat
qui vous informera de l'évolution des négociations aussi
bien avec le Ministère de la culture qu'avec d'autres ministères
; en effet, la coordination souhaite que la réflexion soit élargie
et qu'une commission interministérielle soit constituée.
En conclusion, nous nous permettons de citer,
ci-dessous, Madame Trautmann :
« Il y a, ici et là, des velléités
d'entraver la liberté du créateur. Je tiens à dire
que celles et ceux qui s'engageront à nos côtés (...)
ne pourront déroger aux principes fondamentaux de la liberté
d'expression. (...) Face aux menaces exercées sur la création,
je ne serai pas une Ministre du compromis. »
Signataires : Les Articulteurs, hébergés
par le Collectif de la Grange et les Mains Gaies.
Email : ea2000@club-internet.fr